Et la marmotte... [Rang D] [Validée]

Je dois bien avouer que l'entraînement d'hier m'a pompé une grande partie de mon énergie, mais quelle satisfaction que d'avoir réussi à améliorer un jutsu. Ce qui ne m'empêche pas de me réveiller dans le coltar. Je frissonne dès le saut du lit. Ca caille ce matin, ou alors est-ce ma fatigue ? Qu'importe. J'enfile mes zori et les fait traîner avec difficulté sur le carrelage propre, comme je traîne avec difficulté ma propre carcasse jusqu'à la salle d'eau. Je m'asperge le visage d'eau froide et me masse les paupières de mes doigts humides afin de décoller mes yeux. Encore une longue journée qui semble m'attendre. C'est avec un baîllement à me décrocher la mâchoire que j'entre dans la cuisine et me fait couler un café très serré. L'amertume du jus me réveille encore un peu plus, et j'achève mes restes de sommeil avec une bonne douche.

Quand je sors dans la rue, sans énergie mais sans avoir l'apparence d'un zombie non plus, c'est en tenue de combat, bien décidé à me rendre chez le Tsuchikage. Je me demande depuis combien de temps je ne me suis pas présenté devant lui en ayant l'air d'un ninja sérieux. Je vais peut être réussir à me voir confier une mission un peu moins barbante qu'à l'accoutumée.

Quand je quitte le bureau du Kage, j'ai toujours l'apparence d'un ninja sérieux, sauf que j'arbore cette fois une véritable tête de zombie blasé de son existence. Je relis à nouveau l'ordre de mission - un rang D - une fois de plus. Seul point positif, je vais quitter le village et me retrouver dans les bois. Point négatif, et qui pèse lourdement dans la balance, je m'en vais tirer une vache violette des griffes d'une bande d'écureuils bavards et frappadingues. Je soupire. La Nature est complètement frappée. Je passe la porte du village en saluant les gardes, puis suis le chemin tortueux qui mène vers les forêts aggripées aux pieds des montagnes. C'est qu'en plus elles sont immenses ces forêts ! me plains-je à haute voix. Par où je commence moi ? Si tous les animaux pouvaient être aussi bavards que ces maudits écureuils, je pourrais demander à un piaf de retrouver la vache pour moi. Ou alors..? Je m'arrête sur le sentier pour réfléchir. S'ils sont doués de parole et dénués de scrupules à attaquer une pauvre vache, aussi violette soit-elle ; ils ont sûrement une once d'amour-propre ? La discrétion, la vertu des ninjas... MON CUL OUI !! Je place mes mains en porte-voix et hurle de toute ma voix de Stentor. OH LES MILKA !!! BANDE DE DEGENERES RAMOLLIS DES NOISETTES !!! POINTEZ-VOUS QUE JE VOUS DEMONTE LA GUEULE !!! Mis à part faire fuir les piafs avoisinants, je ne remarque rien de bien particulier dans les environs. Je décide de continuer ma quête à travers bois, grimpant sur un arbre, puis sautant de branches en branches, sans discontinuer dans mes propos. ALLEZ LES RATS DES BOIS !! MONTREZ-VOUS AVANT QUE JE NE PERDE PATIENCE !! Toujours pas de réaction de la part des rongeurs. Je plonge la main dans mon étui à kunaï et en sort un rattaché à une note explosive, que je lance contre un vieux chêne. Quelques secondes plus tard, la note explose envoyant des éclats de bois dans un craquement arboricole dans toutes les directions.

Un meuglement affolé parvient alors à mes oreilles, tut par un cri bien plus proche, et parfaitement compréhensible. Ma parole Risubin ! Regarde ce que ce sale deux-pattes gueulard a osé faire à mon loft ! J'en reviens pas, nom d'un gland ! Je reste sans bouger sur ma branche, complètement effaré par les propos couinants tenus il y a peu. C'est alors qu'un couple de rongeurs atterissent avec légèreté sur une branche qui me surplombe, en me toisant d'un regard méchant. J'examine attentivement les deux bestioles, vêtues de deux blouses blanches adaptées à leur taille. Ne t'énerves pas Risumyo, conseilla un des deux écureuils à son congénère. Quoi ? Tu veux pas que je lui présente des excuses aussi ? L'écureuil gueulard se tourne vers moi et me pointe de sa petite patte griffue d'un air accusateur. Hé le sans-poil ! T'as vu comment t'as niqué mon chêne ma parole ? Il se renifle avec parcimonie. En plus de ça, tu m'as cramé la fourrure ! Rien que comment je sens le Cha Shao maintenant !! Je vais te crever les yeux sans-poil ! Surveille ton langage Risumyo ! Lâche-moi Risubin. Regarde comment j'vais y latter sa race à ce deux-pattes. Non ! Ne...

Le rongeur brûlé bondit alors vers moi avec un couinement rageur. Je le regarde tomber dans ma direction, puis l'envoie valdinguer d'un revers de la main vers les branchages proches, avant de poser mon regard sur l'écureuil plus posé. Hé le rat ! Où t'as planqué la vache violette ? Un bruissement de feuilles m'indique que l'autre écureuil s'est rattrapé et cherche à me rejoindre. Le nommé Risubin me regarde longuement avant de répondre. Sache, humain, que je ne trahirai pas mon clan. Je soupire, puis renvoie valdinguer Risumyo d'un autre revers de main alors qu'il bondissait à nouveau vers moi. Bon, je la récupère par la force alors ? Je récupère à nouveau un kunaï. Le rongeur écarquille les yeux après les avoir posé sur la note explosive qui y pendouille ; puis adopte un ton plus conciliant. Il n'est pas nécessaire d'en arriver là. Si c'est nécessaire !! Risumyo tente une nouvelle attaque en couinant. Blasé, je ne le renvoie pas mais l'attrape sans délicatesse et garde son petit corps serré dans ma main, après quoi, je m'adresse à nouveau à Risubin, conscient de peut être détenir une monnaie d'échange. Il est lourd ton pote. Ce n'est pas mon ami, il s'agit de mon apprenti. J'écarquille les yeux et reste bouche-bée. Ton... Ton apprenti ? Qu'est-ce que les écureuils peuvent bien apprendre ? Risubin me toise d'un air guindé et fier. Sache humain, que je suis Risubin, le grand maître-laitier du clan Gyuunyuu. Qu'est-ce que c'est que c'est conneries encore ? Je commence à me demander si le Tsuchikage m'aurait pas enfermé dans un Genjutsu juste pour me faire chier.

Le grand-maître prend alors des airs de prof et commence à me parler de son clan. Nous, les Milka no Risu, sommes des écureuils de race supérieure, qui utilisons notre intelligence - bien supérieure à celle des deux-pattes - ... Je regarde Risumyo gesticuler dans ma main. *Pas sûr ça.* ...Afin de subvenir aux besoins des autres espèces inférieures d'écureuils. A vrai dire, nous les dominons et les utilisons comme récolteurs de noisettes pour nous nourrir ; et en échange, nous leur offrons protection, confort, et même le luxe ultime, manger NOTRE fromage. J'éclate de rire à ses propos. Vous êtes des grands malades... Pas autant que vous, humains. J'arrête soudain de rire. Le rongeur venait de mettre dans le mille. Je peux continuer ? Je hoche la tête et en profite pour m'asseoir sur la branche, les jambes pendantes dans le vide. Lâche-moi, bâtard de sans-poil ! Je serre légèrement le poing et l'apprenti lâche un couinement étranglé.

Nous utilisons donc notre fromage comme monnaie contre le travail des sous-espèces d'écureuils. Seulement voilà, notre seule source de lait, notre ancienne et chérie Magmatha, est morte dans le courant de la semaine ; et nous n'avons plus de quoi fournir nos travailleurs. Je restai incrédule face à la possibilité même qu'une histoire pareille existe. Nous avons donc décidé d'aller capturer une autre vache chez les humains, pensant qu'ils n'en remarquerait rien. Je hausse les épaules avec une mine réprobative. Pas le remarquer, un vache violette... On est pas cons à ce point-là. L'écureuil me regarde avec un drôle d'air. Quoi violette ? On ne distingue pas les couleurs, on ne voit qu'en noir et blanc, ignare. On a pris une vache jeune de bonne consistance, c'est tout. On a pas fait attention à autre chose... Je soupire, puis secoue la tête avec dédain. Bon, okay, j'ai compris vos motivations. Mais je dois récupérer la vache moi... Comment puis-je compter la reprendre ?

Il souffle de ses petites narines. Tu ne la récupèreras pas, elle est à nous maintenant. Mon regard s'assombrit. Pas possible. Je récupèrerai la vache. Alors va falloir trouver un arrangement dans lequel votre survie est inclue. Comme pour accentuer mes propos, je resserre à nouveau ma prise sur Risumyo, qui lâche un couinement affolé. Le grand-maître laitier pose son regard sur son apprenti et s'exprime d'un ton furieux. Te voilà bien, sombre idiot roussi. Regarde dans quelle position tu nous mets ! Tu mériterais que je t'abandonne aux mains de ce deux-pattes sans scrupules. Je fais l'impasse sur l'insulte, puis relance l'écureuil. Alors ? Comment je récupère la vache ? Je fais tournoyer le kunaï autour de l'index de ma main libre. Risubin semble réfléchir. Je pense que je n'oublierai jamais cette image d'un écureuil en blouse et en pleine concentration. Je vais te guider auprès de Risu-Oyabun. Seul lui possède la sagesse et le pouvoir pour trancher cette question. Suis-moi deux-pattes, et ne traîne pas ! Avec un soupir, je me relève et me lance à la suite du rongeur, souriant à la vue de sa blouse claquant au vent. Il faudra que je pense à incendier le Tsuchikage pour cette histoire.

Après quelques minutes de course à travers les feuillages, je me dis que j'ai eu de la chance de tomber sur ce deux-là en balançant un kunaï au pif. On arrive efnin devant le chêne le plus énorme qu'il ne m'ait jamais été donné de voir. Je n'en distingue même pas le sommet au travers des branchages, et il jette son ombre imposante sur toute une surface parsemée de plantes vivaces tant le soleil n'arrive pas à filtrer au travers de son épais feuillage. Ben merde alors, si j'avais su qu'un tel endroit existait... Silence humain. Tu es sur le seuil de la demeure d'Oyabun, me confie-t-il d'une voix à la fois autoritaire et craintive. Je hausse les épaules à la remarque. Tu ne crois quand même pas qu'un nain d'écureuil va me foutre les miquettes ? C'est alors qu'une douce voix féminine s'élève de quelque part dans le grand chêne. Elle parle d'un ton durci par la colère. Qu'ai-je entendu ? Je lève les yeux et vois une ombre foncer vers moi depuis les hauteurs. Vachement groooOOOO... WO PUTAIN !! Je bondis de plusieurs mètres en arrière alors qu'un énormissime écureuil atterrit devant moi, faisant trembler le sol et soulevant un nuage de poussière. Je reste ébahi à contempler le "boss" des écureuil Milka. D'un pelage roux, la fourrure blanche au poitrail, portant une énorme blouse bleu nuit et un rouleau attaché dans le dos. Risu-Oyabun me contemple de ses grands yeux entièrement noirs.

Que se passe-t-il ici ? demande-t-elle de sa voix mélodieuse - et forte. Risubin s'incline, puis s'adresse à elle d'un ton révérencieux. Oyabun. Ce deux-pattes souhaite récupérer la Magmatah. Elle jette un regard dédaigneux au grand-maître laitier, avant de revenir à moi. Ah oui ? Elle aperçoit l'écureuil que je tiens dans ma main. Risumyo ? Dans quoi t'es-tu encore fourré ? Ce grand dadais de sans-poil a saccagé mon loft Oyabun ! Punissez-le !! Ecrasez-le ! Elle pose son regard sur moi. C'est vrai ? demande-t-elle d'un ton suspicieux. Je lui répond d'un ton franc, mais légèrement démonté. J'en savais rien moi... C'était un accident. Menteur ! J'écrase un peu plus le rongeur. Et c'est ton rat qui m'a sauté dessus... Relâche-le. J'obtempère sans hésiter. Risumyo tombe sur le sol, puis me donne une petit coup de patte avant de déguerpir en vitesse. Je viens juste récupérer la vache. Rends-la moi. Refus catégorique de la femelle. Je te laisse la vie sauve, repars déjà avec ça. Je me sens piqué dans ma fierté. Hors de question. C'est moi qui te laisse la vie sauve, à toi et ton clan. Risu-Oyabun frémit de colère puis, à ma grande surprise, pousse un soupir et se contrôle.

Je vois d'ores et déjà l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. Je hoche la tête avec entêtement. En effet. Je ne partirai pas d'ici sans la vache. Et ma mort ne resteras sans doute pas impunie. Ce fut à son tour d'opiner du museau. Soit. Je te rends ta vache, mais à une condition. Fournis-nous chaque jour assez de lait pour palier à son absence. J'écarquille les yeux. Combien de litres de lait vais-je devoir apporter pour nourrir une bestiole pareille et tout son clan, plus tous les autres écureuils ? Je prend une grande inspiration, puis pose la question dont je redoute la réponse. Quelle quantité ? Elle pointe alors vers moi sa patte touffue et dresse deux de ses doigts d'écureuils. Mon visage se mue en un mélange de surprise et d'horreur. Deux mètres cubes de lait tous les jours ? Elle soupire. Mais non pauvre crétin de deux-pattes... Deux litres, matin et soir. Je pousse un soupir de soulagement face à la facilité de la tâche. Marché conclu ! Elle m'arrête aussi sec. Je n'ai pas fini. Je lève les yeux au ciel. C'est une femelle, j'aurais dû m'en douter...

Elle attrape le rouleau accroché dans son dos, puis le déroule sur le sol. Afin d'être sûre que tu honoreras ton contrat et récupérer le lait, je souhaite que tu passes un pacte, humain. Je jette un oeil soupçonneux sur le rouleau, puis sur Risu-Oyabun. Avec qui ? Elle me désigna de sa patte tendue Risumyo. Nous partageons la même expression effarée. Quoi ! Avec lui ? Elle hoche la tête. Tu veux ta vache ? Je pousse un soupir et laisse tomber ma tête en avant. Je n'ai pas le choix dans ce cas. Je m'approche du rouleau, puis mord mon pouce afin d'y faire perler mon sang et y écris mon nom. Risumyo vient faire de même avec autant de mauvaise volonté que moi. Et j'y gagne quoi à être pactisé avec lui ? Elle réfléchit quelques secondes. Il me semble que les shinobis invoquent des animaux avec qui ils ont un pacte en cas de besoin, alors Risumyo répondra à ton appel. Je m'étrangle. Mais il va me servir à rien. Hé ho ! Risu-Oyabun me regarde avec un simulacre de sourire. Vous vous trouverez des points communs. Je jette un regard à l'écureuil au pelage roussi. J'en doute...

Une fois le rouleau refermé, Risubin me conduit auprès de leur Magmatha pour m'en confier les bons soins. Je les quitte sans leur adresser un au revoir. Je les reverrai sûrement bien assez tôt. Je retraverse la forêt en direction du village, avec lenteur et d'une humeur maussade. une fois parvenu à Iwa, je vais rendre son bien à son propriétaire, puis file chez moi prendre une bonne douche froide. Cela calmera peut être mon amertume.

PTDR xD Ca c'est de la mission qui est terrible! Tu t'es bien déchainé!
Attention cependant à la mise en page Evite de trop coller les dialogues à la narration.

+5 xP
+2 points bonus

Merci

Je tiendrais comte de tes remarques pour la mise en page... je dois avouer que ça pique un peu le yeux en effet.