Rouga Nadare: Ketsueki Tsumetai

La route avait été longue et pénible et la température changeait maintenant peu à peu. Cela faisait des années qu’il n’avait pas mit les pieds là où son destin le guidait maintenant, mais chaque pas, chaque inspiration ressentit depuis son départ s’enchaînait avec une détermination qui lui était encore inconnu. C’était comme si, tout-à-coup, quelque chose s’était éveillé en lui, quelque chose qui dormait depuis longtemps. Ce sentiment cependant, lui était difficilement gérable, mais pourquoi? Pourquoi est-ce que chaque fois qu’il franchissait une autre étape de son voyage, il sentait cette nostalgie lui traverser le cœur, pourquoi donc est-ce que retourné à cet endroit lui faisait à la fois si peur, mais piquait autant sa curiosité. Seul le temps le lui dirait, mais il lui était impossible maintenant de rebrousser chemin. Ses moindres pensées étaient rivées à cet endroit, et rien ne l’empêcherait de s’y rendre.

Son départ, ayant eu pour lui le sud du pays de Suna, s’était fait calme et sécuritaire, mais alors qu’il s’était enfoncé dans les dunes éternelles de ce désert, une tempête s’était dressée contre le voyageur. Soufflant aussi violemment qu’ils le pouvaient, ces vents, bourrasques après bourrasques, faisaient lever le sable à un niveau inimaginable, créant un véritable ouragan aveuglant. À cette étape-ci, l’effort de continuer la route s’intensifiait. Sentant ses cheveux battre au gré des vents, se mélangeant aux grains de sables qui passaient entre eux à une vitesse fulgurante, l’épéiste pris un linge afin de le passer sur sa tête, empêchant ainsi quelques mèches de lui obstruer la vue encore plus qu’elle ne l’était déjà. Un bras devant le visage, et l’autre bien dirigé vers l’une de ses lames, empoignant fortement le pommeau de son arme la plus imposante, il restait néanmoins vigilant à l’arrivée d’un possible ennemie, mais ceci n’arriva pas avant quelques jours. La tempête était passée, le sable avait retombé et les vents s’en était allé, mais les problèmes, eux, avait perdurés. Alors qu’il arrivait tout au nord du pays et qu’il ne lui restait plus qu’une vallée à traverser, un groupe de bandits vinrent lui bloquer la route.

« La bourse...ou la vie »

N’osant répondre et ne restant que sur place, le Nukenin de Kiri ne broncha pas, il resta immobile. Sous une seconde déclaration de ces voleurs de routes, l’homme à la chevelure de neige resta toujours de marbre, le seul bruit venant de lui étant sa respiration, lente, et produisant un léger nuage de vapeur froide hors de sa bouche. L’impatience de ces petits criminels vint finalement à leur limite et les quatre d’entre eux dégainèrent les armes.

…Pauvres fous…

Sous le regard surpris de ses congénères, le premier d’entre eux ne put comprendre ce qui se passa. En un éclair de mouvement, l’homme de grande taille qui se trouvait devant eux avait projeté le plat de sa lame vers lui, l’envoya valser à pas moins de dix mètres plus loin. Enchaînement une seconde attaque avec l’élan de la première, un croc-en-jambe vint arracher littéralement la jambe gauche d’un de ses associés, ne laissant que derrière cette lame, un cri atroce.

« C’est…c’est un monstre! FUIS SHAO!»

Alors que la lame terminait sa course sur l’attache où elle se stabilisait habituellement, dans le dos de son maître, Ketsueki ramena les mains vers l’avant afin d’effectuer quelques mudras qu’il connaissait depuis maintenant des années. Un vent vint se lever au cœur même de l’étroite crevasse que formait l’endroit où ils étaient, plaquant ainsi les deux hommes sur les parois de celle-ci alors que leur adversaire, d’un calme froid, continuait sa route en les laissant s’écraser de plus en plus contre les rochers. Leur souffle manquait, par la pression occasionné entre la technique et le mur derrière eux. La mort venait, l’obscurité les emportait. Que pouvaient donc faire une simple bande de criminel de route face à un Junin?

Le reste de son voyage se fit cependant dans le calme et la tranquillité, jusqu’arrivé à destination. Cessant le pas contre le sol frisquet du pays du froid, le renégat s’était arrêté devant une vieille maison délabré, ressemblant étrangement à ce qui aurait pu être autrefois un chalet de bois rond. La porte, enfoncée, n’était plus que quelques débris de bois pourrie, mais faisait tout de même partie des souvenirs qui rattachait le cœur de Ketsueki à cet endroit. Avançant et pénétrant dans l’ancienne cabane, le ninja se dirigea vers le deuxième étage, empruntant ces marches craquantes en faisant bien attention de ne pas les abîmer plus qu’elles ne l’étaient déjà. Un long silence régna alors qu’il franchit la dernière marche. C’était ici, qu’il avait tout vu. C’était de cet endroit, qu’il avait vu son propre père empaler celle qui lui avait donné la vie. Hochant la tête, se rappelant que le temps n’était pas le bon pour tous ces souvenirs, le grand homme entra dans la chambre devant lui. Encore une fois, tout n’était que ruine à présent, mais il savait que ce qu’il recherchait était bel et bien ici. D’un simple coup de poing, il défonça une partie du mur derrière les restes d’une commode puis en sortit un parchemin. Sur celui-ci, l’on pouvait y lire deux mots suivis de quelques indications et mudras.

« Rouga Nadare, c’était ta technique favorite, n’est-ce pas maman? »

Fermant les yeux, Ketsueki semblait se recueillir un instant avant de monter sur le toit de son ancienne maison. Au dessus de celle-ci, il déroula le parchemin qui lui avait été destiné avant même le tragique évènement. Pendant vingt minutes entières, il resta immobile, absorbé par les écritures sur le parchemin puis soudain, il le ré-enroula avant de ce concentré. Ses mains se joignirent, une énergie nouvelle flottait dans les airs pour Ketsueki. Se remémorant exactement chaque animal qui était inscrit sur le parchemin, l’utilisateur du Hyoton effectua les signes appropriés avant de rouvrir les yeux, laissant leurs pupilles en forme de flocon s’illuminées d’un bleu clair et intense.

« Hyoton…Rouga…Nadare »

Autour de la maison, des hurlements canins semblaient se déterrés de la neige. Des grognements se firent entendre alors que cette matière blanche et poudreuse se transformait et se durcissait afin de former cinq grand loup de glaces qui se retournèrent vers leur évocateur. Levant la tête, les loups du Rouga Nadare hurlèrent encore, cette fois-ci tous en chœur alors que Ketsueki, écoutaient leurs chant, les yeux rivés vers les cieux.