Partir, pour ne jamais revenir. [PV : Hôto]

" Vous avez peur de vivre parce que vivre c'est prendre le risque de souffrir. "

Arnaud Desjardins

Souffrir, un mot qui était particulièrement adapté à ce ressenti qui faisait sa vie. Elle ne connaissait pas de joie, tout n'était que douleur et elle en voulait à tous et pour tout. A cause d'un incident qui avait eu lieu durant sa jeunesse et qu'elle n'avait jamais pu pardonner. Le pire n'était pas d'y avoir perdu un oeil mais peut-être de n'avoir eu personne pour l'aider, pour lui accorder de l'intérêt à l'époque. Ou bien était-ce le fait que ses parents ne la considère plus que comme un poids arrimé à leur pied. Ils avaient si honte.

Dans le village de Kiri, il faisait déjà nuit lorsqu'une jeune kunoichi sortit de chez elle sans un bruit. Cette jeune femme se fondait parfaitement avec l'obscurité des ruelles et un passant ne l'aurait sans aucun doute, pas remarqué. Elle portait des vêtements noirs et sa chevelure était de même couleur, seule sa peau était d'un blanc d'une extrême pâleur mais dans l'ombre, on ne le distinguait pas. De toute façon, les lieux étaient paisibles et seuls les gardes étaient présents car tout le monde dormait paisiblement. Elle devait bien être l'unique personne qui soit éveillée et qui se faufile dans le village. Cet endroit, elle le haïssait plus que tout bien qu'elle y ai vécu car elle n'y avait que des souvenirs détestables. A sa famille, elle ne devait strictement rien puisque celle-ci l'avait "abandonnée", ne s'étant jamais occupée d'elle et des amis, elle était bien entendue incapable de s'en faire. Elle avait bien trop peu confiance en l'être humain pour une telle chose. Les habitants de Kiri ne se souciait pas des autres et elle ne se souciait pas le moins du monde d'eux. Elle n'avait absolument aucune attache. Alors pourquoi rester en ces lieux ? C'était riddicule de subir sans rien dire sans cesse, son seul désir était de quitter Kiri même si cela revenait à une desertion, ou bien mourir. Voilà pourquoi, elle se dirigeait vers la sortie de son village, utilisant la technique appelée Kirigakure, qui produisait une brume camouflant sa présence. Ici la brume étant fréquent et déjà présente puisqu'elle avait choisi ce jour exprès, on ne ferait pas la différence. Et en effet, elle franchit le seuil

sans le moindre bruit, invisible et se rendit au port. Nager ne serait pas une solution adéquate et marcher sur l'eau épuiserait trop de chakra vu la distance. Elle devait donc prendre une embarcation mais le bruit des rames alerterait les gardes. Que faire ? Elle devait éloigner les gardes et créa donc dans ce but un clône aqueux qui les attira dans la direction opposé de sorte à faire dispersion. Ce devait être de nouvelles recrues car ils se jetèrent tous deux àsa poursuite quand le faux ennemi leur lanca des kunais. Finalement, elle trouva une solution risquée mais sans doute la seule auprès d'une embarcation de pêcheurs qui semblait partir de nuit en direction du pays du feu. Cependant, ce n'était pas gagné d'avance car il était peu aisé de s'échapper de Kiri car les gardes surveillaient chaque allées venues concernant les marchands. Quiconque tentait de s'introduire dans le village était rapatrié dans son pays et ceux qui fuyait... elle ne voulait pas y penser.Installée calmement dans la cale du bateau, Tsukiyo se laissa aller à ses souvenirs, son passé tourmenté et la haine qu'elle vouait à son village.

Avant de s'endormir paisiblement, elle repensa à son clone qui devait encore se battre, elle libéra la pression de son chakra et le clone cessa alors d'exister, maintenant les gardes devaient être au courant de sa désertion à moins qu'ils ne pensent qu'il s'agisse d'une blague de mauvais goût. Mais la jeune femme n'avait jamais aimé faire des farces, pas même à l'académie Ninja avec tous ces imbéciles qui essayaient de se faire remarquer en criant qu'il y avait un assassin dans la classe. Elle trouvait cela parfaitement puéril et sans intérêt. Peut-être était-ce elle qui manquait d'humour, peut-être qu'ils étaient juste des écervelés. La kunoichi referma les yeux, ce garçon devait être mort depuis bien longtemps, elle n'en avait plus entendu parler depuis cet examen, ce terrible examen qui obligeait la lutte à mort entre les participants qui jusqu'alors partageaient ensemble leurs rêves, aspirations et tant d'autres choses encore. Quoiqu'elle n'eut jamais partager rien de tout cela. Et après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire tout cela ? Un sourire sadique s'afficha sur son visage blafard illuminé par la seule source lumineuse qu'était la lune en cette froide nuit de fin mai. D'un geste vif, elle se retourna du côté gauche avant de sombrer dans une courte nuit de sommeil dans ce petit voilier qui chancelait au gré des vagues. La nuit fut bien courte pour la jeune kunoichi, mais à peine fut-elle réveillée qu'elle commença déjà à s'ennuyer car elle n'avait aucun attrait pour cette vie sans action qui défilait, pour une ninja c'était affligeant. Qu'elle aurait aimé que ce foutu bateau aille plus vite, elle avait hâte d'arriver pour prendre un nouveau départ synonyme de nouvelle vie pour la jeune Genin.

Peut-être trouvera t-elle même un nouveau village pour l'accueillir et faire d'elle quelqu'un d'accompli, d'ailleurs en parlant de village, elle se demandait bien où elle pourrait aller une fois qu'ils auront accoster. Le temps lui paraissait bien long aujourd'hui, elle aurait bien aimé sortir et utiliser une technique d'affinité "Suiton" pour compenser le mouvement des vagues qui n'était pas très rapide, loin de là d'ailleurs. Pour combler le manque d'activité, elle songeait à un endroit où aller, pas Konoha en tout cas pensait-elle, ni Suna, ce serait bien trop dangereux pour un déserteur comme elle. Depuis la récente alliance, elle ne pourrait plus être en sécurité dans aucun des cinq grands pays Ninja, ce qui lui laissait un choix minime grognait-elle en soupirant d'un air lassé. Et puis, on verra bien au moment propice, ce n'était pas vraiment maintenant qu'il fallait se préoccuper de sa destination. L'embarcation commença à s'agiter lorsque la kunoichi eut finalement l'audace de sortir la tête hors de la cale où il faisait très noir depuis la nuit dernière. A peine eut-elle regardé dehors que son oeil commenca à la brûler, n'étant plus habitué au contact d'une source lumineuse, on aurait dit qu'elle venait à peine de naître, sortant de son doux cocon pour entrer dans un monde où les rêves sont durs à réaliser mais là où les cauchemars ne cessent de perdurer et d'exister, un monde de guerre où le sang coule en permanance. C'était dans cette atmosphère qu'elle avait été élevée. Ils étaient sur le point d'arriver au pays du feu, elle l'entendait de la bouche des deux marins si enthousiastes à l'idée de revoir leur famille respective. Le plaisir sera de courte durée alors songea la jeune Genin en observant le plus vieux prendre son carnet de note et griffonner quelques notes avant de prendre une cigarette en main. Il devint blême d'un coup, son teint était comparable à celui de Tsukiyo à présent, un kunaï venait de lui trancher sa cigarette avant de se planter dans le mât en bois. Sadique ? Oui très certainement puisqu'elle n'eut aucun remord à égorger les deux pêcheurs avant de les jeter à l'eau, le village caché de Kiri ne pourrait plus suivre sa trace maintenant, ils venaient de perdre deux témoins capitaux... Elle changea sa direction et débarqua loin du village, patientant encore pour mettre pied à terre. Puis arrivée à "bon port", elle courrut pour mettre encore de la distance entre elle et son village.

Elle arrêta de courir quand elle fut suffisament loin pour marcher et arriva sur un sentier différent, semblant s'élargir. Elle regarda autour d'elle et voyant une étendue d'herbe particulièrement vaste, décida de s'y aventurer. Elle s'éloigna tant du sentier que personne n'aurait pu la voir de là-bas. S'allongeant dans l'herbe, elle se demanda ce qu'elle allait devenir et où elle allait bien pouvoir se rendre. Elle n'y avait pas du tout pensé mais il était encore temps d'y penser. Elle pourrait bien dormir ici pour le moment... alors elle ferma les yeux mais un craquement la fit sursauter. Elle tira lentement un kunai et tendit l'oreille. N'entendant plus rien, elle se redressa et demanda en apercevant une silhouette sans distinguer plus de détail :

-Qui va là ?

Elle voyait clairement la silhouette de quelqu'un, elle n'aurait su dire à quoi ressemblait l'inconnu mais elle se releva et fit quelques pas en arrière pour mettre de la distance entre. Si ca se trouve cette personne était de Kiri alors elle resserra sa main sur son arme et de son oeil valide, se concentra sur les mouvements de l'individu. S'il s'approchait de trop, elle l'attaquerait. La clarté de la Lune n'illuminant pas le visage de l'autre personne, elle ne pouvait pas se fier à sa physionomie. Quoi qu'il en soit elle ne voulait pas baisser sa garde alors qu'elle venait de fuir Kiri. Cependant, elle avait toujours son bandeau. Il faudrait qu'elle pense à l'enlever mais pas maintenant et peut-être ne le pourrait-elle pas. Elle n'était pas au meilleur de sa forme et aurait préféré ne rencontrer personne. Hostile ou non, elle n'aimait guère la compagnie de qui que ce soit. Elle ne faisait confiance à personne même si elle l'avait voulu, elle ne pouvait s'y résoudre. Mais elle était lasse de tout cela. Elle n'aspirait qu'à une vie différente et si elle n'y avait pas le droit alors autant périr.

-Dis-moi qui tu es et ce que tu viens faire ici en pleine nuit ? dit-elle, bien qu'elle aussi soit ici en pleine nuit.

A proximité, il ne semblait pas y avoir de rivières et l'air n'était pas vraiment humide en ce soir. Cela signifiait qu'elle ne pourrait recourrir à des techniques suiton en cas d'attaque. Elle était donc en mauvaise posture si cette personne comptait l'attaquer, il n'y avait même aucun doute sur l'issue du combat. Elle ne baissa pas sa garde pour autant et ne détourna pas le regard. Elle devait le garder dans son champ de vision, qui était plutôt réduit. Elle était fatigué et dans le noir, elle risquerait de perdre l'équilibre. Il faut dire qu'elle avait veillé depuis trois jours tout en accomplissant des missions stupides. Elle n'était pas d'humeur à jouer au chat et à la souris qui plus est en pleine nuit. Attendant une réponse, elle sentit ses muscles se crisper et elle se mordit la langue avant de reprendre son calme. Elle trouvait le temps exagérément long et se demandait si ce n'était pas du sadisme de la part de la personne en face. Elle espérait que ce ne soit pas le cas car ce serait vraiment affligeant d'avoir affaire à quelqu'un de ce genre. Quoiqu'il en soit, elle commençait à se faire pas mal d'idées néfastes sur l'identité de l'inconnu. Mais d'où venait-il ? Et pourquoi la faisait-il attendre ? Prenait-il un malsain plaisir à torturer les gens psychologiquement ?

Encore une nuit horrible, depuis que cet infâme Orochimaru lui avait lancé un sort de Genjutsu, ses cauchemars étaient de retour, chaque nuit, il devait supporter l’horrible vision de l’assassinat de son clan, scène dont il avait été témoin de ses yeux d’enfants. Être seul dans sa douleur, c’était bien ce que ressentait l’adolescent, depuis ses huit ans, personne n’avait jamais été là pour lui, personne ne l’avait consolé, il faisait juste semblant d’aller bien, pour se convaincre et convaincre les autres qu’il n’était pas au bord du suicide, il le faisait pour Pein et pour sa patrie. Quoi de plus précieux à ses yeux maintenant ? Lui qui était un de ces orphelins, gamins oubliés par le temps, enfants recherchant l’affection et pourtant ne reçoit que le rejet. Être différent n’était décidément pas facile, c’était dur mais c’était sa vie, il faisait avec chaque jour mais aussi, à chaque seconde, il savait qu’il pourrait perdre la vie. Sa minable vie, il la risquait à chaque fois qu’il partait en dehors du village, chaque jour, chaque seconde, il servait Pein dans le but d’obtenir de la reconnaissance, la gratitude et la compassion d’un être humain, quoique l’on ne puisse pas vraiment dire que le Tendô du village caché d’Ame est un réel être humain, il était plus une machine de guerre programmée pour tuer qu’autre chose. Faute de preuves, l’héritier du clan Hôtobi aimait bien parfois penser que sous sa carapace, le puissant dirigeant de la ville possédait une part d’humanité et pouvait voir par des yeux d’hommes les catastrophes de la guerre. Une chose comme celle-ci était-elle possible songeait un jeune homme d’une treizaine alors qu’il venait de se réveillé, la respiration saccadée causée par ses horribles rêves sanglants. Le bruit incessant de l’horloge énervait fortement le garçon, trois heures tapantes indiquait la fine aiguille, il était bien tôt pour une balade nocturne à l’intérieur du village, si on le surprenait, il se ferait sans aucun doute arrêter pour rien, il décida donc de sortir après tout, le temps était plutôt agréable alors autant en profiter vous ne croyez pas ? Dans le silence le plus total, le garçon aux cheveux ébène s’habilla, en noir comme d’habitude. Par-dessus son bandeau frontal qui faisait sa fierté, il glissa ses lunettes de vue orange avant de se faufiler dans le couloir pour sortir de son appartement situé dans les quartiers supérieurs du village d’Ame Gakure no satô, il sorti les clés de sa pochette arrière de son pantalon et quitta les lieux. A la lueur de la lune, l’adolescent passait presque inaperçu dans les sombres ruelles malgré que les gardes prudents et méfiants sillonnaient dans les parages. Mais puisqu’il était un bon Ninja sans se vanter, le jeune Genin savait se faufiler dans les rues qu’il connaissait presque par cœur après des années d’habitation dans ces lieux.

Enfin il y parvint à ces gigantesques portes métalliques qui symbolisaient l’arrivée au village. Pour le jeune homme, c’était l’heure du départ, il aimait bien se promener la nuit depuis sa rencontre avec Orochimaru, son combat contre Sahane témoignait de ses insomnies. Ses rêves ou plutôt ses cauchemars, ils étaient la cause de ces cernes noires qui s’installaient sous ses yeux, ça lui allait plutôt bien d’ailleurs, ça collait parfaitement avec son teint blafard. Il arpentait les forêts du nord, il ne savait pas très bien où il allait car la fatigue commençait à reprendre le dessus et puis, ses pensées étaient plutôt embrumées, il avait du mal à se concentrer sur un objectif précis. Il tombait à moitié de fatigue mais maintenant qu’il était dans la forêt, il ne pouvait pas se permettre de fermer l’œil, en plus, on ne savait pas qui traînait ici, il y avait également des bêtes féroces qui rôdaient, mieux valait ne pas fermer l’œil en ces temps de trouble. Il avait à présent les vagues souvenirs de sa mission pour récupérer le chasseur de renard qui avait été mordu par un spécimen plutôt rare. La lune éclairait son chemin mais ce n’était pas vraiment le top en matière de lumière, il s’en voulu aussi de ne pas avoir prit le matériel adapté en cette nuit de fin mai. Le vent soufflait doucement dans les cheveux noirs de jais de Shintô, une petite brise comme celle-là, que c’était agréable songeait le jeune homme en marchant tel un zombi. D’un geste brusque, il commença à s’essuyer les yeux pour voir si cette foutue forêt prendrait fin, il n’en voyait pas la fin de ces maudits arbres contre lesquels il se cognait à chaque minute. Soit c’était lui qui était doté d’une maladresse maladive, soit c’était ces arbres qui étaient vraiment mal placés. Il opta pour la première solution car il n’avait pas de choses à reprocher à ces pauvres arbres qui n’avaient rien demandés. Alors qu’il laissait le hasard guider ses pas, il remarqua un grand arbre au loin, il était donc déjà arrivé à la frontière du pays du feu ? Oui, il savait qu’il était arrivé là, c’était l’endroit où il avait fait connaissance avec Mizoe Inakoe, cette jeune fille venue du village caché de Konoha, il ne l’oubliera jamais qu’importe les raisons. Il s’assit donc contre le tronc de l’arbre avant de s’extasier devant les étoiles qui brillaient dans ce ciel si bleu qui changeait beaucoup du décor terne et gris d’Ame, il ne savait pas pourquoi mais le simple fait d’aller à cet endroit lui procurait une joie immense, il songeait toujours à ces rencontres hasardeuses qui avaient presque changées sa vie. Il soupira tout en s’adossant un peu plus contre l’arbre, il observa les alentours, tout semblait désert à un détail près. Une ombre courrait, une silhouette féminine s’élançait avant de s’arrêter brusquement, elle devait être à bout de force. En tout cas, c’était une kunoichi car le jeune homme ne connaissait pas d’autres femmes pouvant exécuter de telles prouesses en courant. Intéressé, il s’approcha discrètement de la jeune femme en espérant rencontrer une inconnue pour ne pas se faire saquer parce qu’il était parti du village, imaginez dans quel misère il se retrouvera si une jeune fille de son village l’avait suivit jusque là et avait tout raconté à Pein. Mais d’un autre côté, la personne semblait venir de l’autre direction et puis de toute façon, hors de question de se faire avoir. Ces petites promenades nocturnes, c’était pour oublier et rien d’autre, n’allez pas croire que l’adolescent sortait pour rejoindre des gens et trafiquer, non loin de là, c’était juste que pendant la nuit, personne ne pouvait le voir dans un état aussi critique, c’était le seul moment où il pouvait se permettre d’être faible et de laisser libre court aux derniers sentiments qui régnaient en lui en dehors de la haine.

La fille semblait l’avoir remarqué, elle était forte en repérage alors, inutile de jouer plus longtemps à ce petit jeu là. Elle demanda alors qui était là, quelle question ! Comme si elle ne pouvait pas le voir de ses propres yeux, ce n’était pas bien difficile de voir que c’était un jeune garçon qui partait un bandeau frontal et des lunettes. En parlant de bandeau, il n’avait pas encore daigné à regarder celui de la personne qui lui faisait face. Il se mit à faire une étude rapide du physique et de l’équipement de la jeune femme. Il recula soudainement, elle portait le signe des Ninjas de Kiri, les Ninjas de la brume qui avaient récemment trahit le village d’Ame pour recevoir les traitements de faveur de la part des plus grandes puissances militaires Shinobi, ces lâches, incapable d’assumer jusqu’au bout la charge de leur village. Elle avait des cheveux noirs brillants comme lui, il avait l’impression de voir sa version féminine dans un miroir, ils avaient la même expression du visage, les traits marqués par la souffrance. Le village de la brume sanglante n’était d’ailleurs pas réputé pour le bon traitement de leurs nouvelles recrues en passant, lorsqu’il avait entendu parler de leur examen de sélection pour les aspirants Ninjas, il n’avait pu qu’aborder l’air choqué. L’étrangère reprit la parole en enchaînant directement sur autre question, elle n’était à peine pas curieuse celle-ci ! Elle s’aventurait sur les terres du Tendô et osait encore lui demander ce qu’il faisait sur son territoire, c’était du culot ou il rêvait ? Et bien, on n’était pas sorti de l’auberge avec un interlocuteur comme ça. Voyant qu’elle attendait impatiemment sa réponse, il ne la fit pas attendre plus longtemps et mit un terme à son supplice :

« Hum…Tu as du culot de me demander ça étrangère, sache que tu es sur les terres du village caché de la pluie. Si tu veux savoir, je suis sujet aux insomnies ces derniers temps alors, je m’occupe comme je peux. Mais dis-moi…Qui es-tu ? »

Il n’avait jamais été très accueillant avec les autres, enfin on pouvait le comprendre après ce qu’il avait vécu ! Voir le massacre de sa famille méritait de ne pas accorder sa confiance à n’importe qui, vous ne croyez pas ? N’empêche, il voulait tout de même connaître son nom, si elle daignera à lui donner son prénom au moins, il lui donnera le sien. Non pas qu’il cherchait des amis mais il avait besoin d’un peu de compagnie ce soir, il se sentait seul, très seul…

« Qu’est-ce que j’ai fait pendant ce chemin parcouru ? Et qu’est qui [m’a] fait devenir ce que je suis devenu ? Ce sont des petits morceaux d'peur, un peu partout disséminés, des petits fragments de frayeur qui finissent par s'assembler, rien que des petits morceaux d'peur… »

Les Wriggles.

La peur de souffrir encore et toujours, la peur de revivre la même chose une seconde, de ne pas pouvoir se défendre, la peur des autres, la peur qu’il la haïsse, la peur qu’il l’abandonne. Quitte à souffrir quand on s’attache, autant ne plus aimer personne. C’était la résolution d’une petite fille qui avait perduré à travers le temps, à travers les âges. Elle avait beau avoir grandi, elle gardait cette même intention de ne jamais se lier, sous prétexte que c’était peine perdue. De toute façon, personne n’avait pris la peine de s’approcher d’elle. Les habitants de son village ne la voyaient pas, elle passait inaperçue silencieuse et transparente tel un fantôme et même s’ils l’apercevaient, son regard les dissuadait de venir lui parler. Elle leur faisait peur, elle était trop marginale, elle ne souriait jamais et semblait ne ressentir aucun sentiment. Ce n’était bien entendu pas le cas mais elle cachait toute trace d’émotions derrière un masque froid et apathique qui maintenait l’illusion. C’était sa carapace et aujourd’hui encore, alors qu’elle croisait la route d’une personne qu’elle n’avait jamais vue, elle arborait un visage dénué de tout sentiment. La seule chose qui était peut-être visible était sa fatigue physique mais elle ne dégageait rien moralement. On ne pouvait deviner ce qu’elle pensait. D’ailleurs, en voyant ce jeune homme, elle trouvait étrange de croiser un… «gamin» ?, dehors en pleine nuit habillé tout de noir comme elle l’était, ce qui ne facilitait pas sa vision déjà réduite. En revanche, il y avait un détail qui avait attiré son regard, qui était ses lunettes aux verres orangés qu’il arborait et qui reflétaient les rayons de l’astre de nuit. Personnellement, elle trouvait que c’était une véritable faute de goût mais c’était sans doute parce qu’elle n’appréciait que le noir. Elle n’avait pas plus cherché à le dévisager mais quand elle le vit porter ses yeux sur son bandeau et aperçut son geste de recul, elle s’interrogea et regarda le sien. Il venait d’Ame, ancien village allié à Kiri lui semblait-il, mais ils ne l’étaient plus. Elle ne s’était jamais intéressée à ce genre de soucis « politiques » entre les pays mais en voyant sa réaction soudaine, elle se questionna beaucoup. Désormais, si ce n’était déjà le cas, la considérait-il pleinement comme une ennemie ? Aurait-il des préjugés comme tous les autres et comme elle en avait toujours ? Allait-il attaquer à cause d’un événement dont elle n’avait pas connaissance. Scrutant chacun de ses mouvements, elle attendait impatiemment une réponse de ce ninja à l’apparence aussi pâle que la sienne et dont la présence en pleine nuit l’intriguait beaucoup. A son âge, il était étrange qu’il se promène ainsi de son plein gré dans les environs paisible et non surveillés. Il était sorti comme cela de son village ou bien il désertait aussi, ce qui serait le comble de l’ironie. Déjà qu’il se ressemblait un peu trouvait-elle au niveau du teint blafard et des habits noirs notamment. Après pour ce qui était d’une ressemblance morale, elle n’en savait rien, elle en doutait et même elle s’en fichait pleinement comme elle se fichait de toute chose sans valeur dans sa vie. Quand on y réfléchissait bien, il n’y avait vraiment rien qui mérite de valeur à son avis. Pas pour le moment en tout cas. Finalement le shinobi prit la parole et son ton lui rappela celui qu’elle employait en général les rares fois où on lui adressait la parole.

« Hum…Tu as du culot de me demander ça étrangère, sache que tu es sur les terres du village caché de la pluie. Si tu veux savoir, je suis sujet aux insomnies ces derniers temps alors, je m’occupe comme je peux. Mais dis-moi…Qui es-tu ? »

Elle ne manquait pas de culot ? Peut-être bien après tout, elle n’avait jamais été polie et elle se targuait bien de savoir à qui appartenait ses terres. Tout ce qu’elle constatait c’était que l’on venait perturber son espace de sécurité et de liberté. Elle n’aimait pas que les gens soient trop proches et là il venait de mettre un pied dans son périmètre qu’importe qu’elle se trouve à quelques pas d’Ame. On la dérangeait alors qu’elle venait de franchir l’étape de la désertion de son village, ce n’était pas rien tout de même. Alors si on pouvait lui laisser un instant de répit, elle en serait presque reconnaissante bien qu’elle ne connaisse pas véritablement le sens de ce mot. Elle aurait tout fait pour s’allonger tranquillement dans l’herbe et fermer les yeux jusqu’à ce que le jour se lève. Quand bien même, elle n’aurait pas réussi à dormir au moins aurait-elle pu méditer en paix. Elle demandait un peu de temps pour elle sans aucune contrainte. Mais lorsqu’elle entendit le jeune homme lui dire qu’il était insomniaque, elle comprit un peu mieux pourquoi il se trouvait debout si tardivement, enfin tôt dans la matinée. Elle n’en connaissait pas les raisons et ne voulait pas vraiment savoir mais se dit qu’ils avaient des points communs et c’était fort étrange. Ces derniers temps, elle ne dormait plus du tout par ailleurs, trop préoccupée par sa haine, sa souffrance et son envie de s’échapper. Elle avait plusieurs fois eu envie d’égorger ses géniteurs mais à aucun moment, elle ne l’avait fait alors elle était partie. Ca devait les avoirs soulagés ces pitoyables humains. Sans s’en rendre compte, elle serra les poings. Puis reporta à nouveau son attention sur l’inconnu. Elle soupira ne sachant pas si elle devait prendre la peine de répondre Se présenter ? A quoi bon ? Il voyait bien à quoi elle ressemblait et d’où elle venait alors pourquoi posé la question ? Après tout, elle posait bien le même genre de question alors elle n’avait rien à dire à ce sujet. Son arme toujours en main, dans la même position de défense, elle entreprit toute fois de lui répondre, d’un ton froid et las :

- Je ne sais toujours pas vraiment qui tu es toi ! Je me nomme Tsukiyo et je viens de Kiri comme tu as du le constater. Concernant ma présence sur les terres de ton village, je n’ai pas à me justifier.

Et maintenant qu’allait-il se passer ? Tsukiyo n’avait jamais été très aimable et même quand elle essayait de se souvenir quand elle ne savait pas vraiment. Aucune fois, elle n’avait ressenti de l’affection pour ses camarades. A aucun moment, elle n’avait voulu protéger son village. La seule personne qu’elle avait défendu sans que ce soit une obligation, c’était un gamin rencontré dans un hôpital tandis qu’elle se chargeait d’en nettoyer les vitres et dont le père le maltraitait. Sinon, personne d’autre… Elle aurait pu être reconnaissante envers une certaine kunoichi prénommée Miki, qui les avait protégée, elle et la jeune Murasaki lors d’une mission à Oto, mais au final elle se disait juste que ce serait bien que cette personne s’en soit sortie et sinon tant pis. De toute façon, elle ne la reverrait sans doute pas car il était plausible qu’elle ai été capturée, torturée et tuée. Cela faisait partie des risques lorsqu’on était ninja. D’ailleurs à ce propos…
Elle pensait beaucoup mais elle ferait mieux d’abattre l’adversaire, après tout ce n’était qu’un jeune ninja, elle pourrait s’en débarrasser pour ne pas laisser de trace de son passage. Imaginons qu’il parle de sa rencontre avec une kunoichi de Kiri non loin d’ici. Elle ne pouvait se le permettre, pas maintenant et du se résigner à faire quelque chose. Elle n’avait eu aucun mal à se débarrasser des pêcheurs mais se doutait que ce serait différent avec ce genin, il n’était pas un simple civil et sa disparition ne passerait pas inaperçu. Si elle commençait à semer des cadavres sur sa route, elle serait vite à repérer et deviendrait vraiment une criminelle. En plus, il lui faisait face et elle n’avait aucune chance qu’il ne découvrit pas son intention aussi discrète puisse-t-elle être. Elle soupira par réflexe comme elle le faisait souvent sans en être réellement consciente et se mit à réfléchir plus sérieusement à ce qu’elle comptait faire. Pour le moment, elle ne tenterait rien tant qu’il ne ferait rien lui non plus et il ne semblait pas avoir le dessein de se battre. Du coup, elle espérait qu'il tourne le dos et retourne sur ses pas, comme s'il ne l'avait jamais croisé, mais elle ne pensait pas que ce fut possible. Cependant s'il se détournait, elle le tuerait sans doute malgré ses doutes récurents.

* Allez laisse une jeune Kunoichi de Kiri, profiter d'un peu de paix, va donc emmerder quelqu'un d'autre. Qu'est-ce que tu cherches au juste si tu n'es pas un ennemi ? Une personne à qui raconter ta vie et tes soucis. Je suis pas psychologues alors je vais pas pouvoir faire grand chose pour tes insomnies gamin !*

- Si tu dors pas, c'est pas une raison pour sortir comme ça de ton village non ?

C'était presque un reproche. Après tout, elle ne comptait pas faire ami ami et voulait juste qu'il déguerpisse au plus tôt. Fermer un peu les yeux, méditer sur ce qui s'était produit aujourd'hui. Elle voulait se poser et pouvoir revoir ses choix et ceux qu'elle prendrait à l'avenir.

Un passé, une enfance heureuse puis un rêve brisé par des inconnus, une vie, une âme, le bruit étrange d’un fracas, cette nuit là, il ne l’oubliera jamais, cette nuit là, il était convaincu qu’elle lui donnerait le but suprême de la vengeance. Une vérité qui ressort, un enfant tiraillé entre son pays natal et l’horreur, un cruel dilemme mettant ce garçon à l’épreuve. Une lueur d’espoir avant de sombrer, la déchéance…Tout simplement. La faible lumière que procurait la nuit rappelait à un adolescent de treize ans son parcours, sa vie, ses souffrances, ses malchances, son désespoir et sa haine. Comment pouvait-on ressentir autant de choses en si peu de temps ? La question était probablement à se poser mais l’héritier du clan Hôtobi n’en n’avait que faire, ce qui comptait pour lui à présent, ce n’était pas de servir son dirigeant et Senseï à la fois, ce qu’il voulait par-dessus tout, c’était réaliser le rêve de son père. Un rêve idéaliste qu’il n’avait pas eu le temps de réaliser faute de temps, ce que son père désirait, c’était la paix, il était convaincu qu’un jour, les gens du clan et les hommes d’autres pays pourront s’entendre et travailler main dans la main, c’était ça son rêve surréaliste, une ambition que les êtres humains ne cessent de déchirer chaque jour que des soldats meurent au rang d’honneur. Mais que valait-il ce titre ? Une fois mort, nous ne pouvons voir les honneurs que nous avons récoltés, notre existence est-elle donc condamnée ? D’un autre côté, sans cette guerre et sans ces hostilités naissantes, la vie d’un Shinobi n’aurait plus aucun sens, la seule raison qui rattachait chaque Ninja à la vie n’était pas celle de vivre sa vie heureux et joyeux, la raison de vivre d’un soldat était la guerre, il fallait qu’il se batte pour prouver à sa patrie une certaine fidélité et ainsi gagner la confiance des autres guerriers. A moitié dans l’obscurité, Shintô se trouvait dans la plaine qui séparait deux pays qui n’avaient jamais cessé de se battre pour leur honneur, l’un était très connu et riche, il s’agissait bien évidemment du pays du feu qui comportait le village caché de Konoha, le village des feuilles. C’était une nation qu’on disait prospère et pacifiste, mais avait-on oublié les horreurs du passé ? Aucun pays ne peut prétendre être neutre à ces hostilités sanglantes de jadis. De l’autre côté de la frontière, un pays et un village effacé qui autrefois, était réputé pour les puissants soldats qu’il entraînait, le village caché d’Ame, le village de la pluie. Il y a des années, une mauvaise réputation frappa en plein fouet Ame no kuni, les pays frontaliers l’accusèrent d’être la cause de ces conflits incessants. Pris au dépourvu, le pays servit de champs de bataille aux grandes nations et finit par être envahit par la misère. De plus en plus de pauvreté vit le jour à cet endroit, fatigués de la guerre, de nombreux hommes renoncèrent à continuer de se battre pour le légendaire Hanzô que l’on surnommait la salamandre. Puis, un jour vint où il se fit exterminer par une troupe de jeunes Ninjas formés par on ne savait qui. Parmi eux, l’image d’un Dieu se refléta, le nouveau chef d’Ame était là, on l’appelle Pein plus communément. Il s’agit d’un personnage dont bien des gens doutent de son existence et pourtant, le jeune Genin pouvait témoigner car il l’avait par un jour pluvieux rencontrer, malheureusement, il avait promis à celui qui allait devenir son maître de ne jamais révéler son existence, un pacte qui le poursuivra tout le long de sa carrière militaire…

Mais depuis cette date, les choses avaient grandement évolués, le dernier des Hôtobi en avait bien fait des rencontres et il n’était pas au bout de ses surprises ! En cette calme nuit de printemps, il croisa une jeune femme en chemin. N’étant pas galant du tout, il lui posa des questions de manière plutôt agressive. Questions auxquelles elle répondait à son rythme l’air pensive. D’un côté, il n’avait pas vraiment à venir se pointer comme ça au beau milieu de la nuit sous prétexte qu’il n’arrivait pas à dormir. Un peu honteux, il écouta ce que la kunoichi avait à lui dire, elle ne semblait pas très sociable elle non plus. Tant mieux songeait le jeune homme en sentant la petite brise lui passer entre les cheveux, ça leur ferait un point commun ! Elle lui donna son nom, elle s’appelait Tsukiyo. Un peu surprit, il regarda la lune dans le ciel dégagé d’impuretés, ce qui était très rare en cette saison. Quelle coïncidence pensait l’adolescent l’air pensif, rencontrer cette fille qui portait un nom pareil avec un ciel aussi…Parfait qu’aujourd’hui ? Elle sembla attendre quelques temps avant de lui poser une autre question, c’était un jeu ou quoi ? Chacun son tour pose une question. Elle lui balança d’un ton abrupt qu’avoir des insomnies ne l’autorisait pas à sortir du village, c’est à ce moment là que le garçon fronça les sourcils, mais de quoi se mêlait-elle ? Elle n’était personne pour lui, pour lui demander une chose aussi…Comment expliquer ça ? Indiscrète ? Oui, c’était le mot parfait pour décrire la situation. D’une froideur plutôt menaçante, elle ne se gênait pas pour demander des choses qui ne la regardait pas. Sur le même ton qu’elle, il dit d’une voix rauque :

« Je me nomme Shintô du disparu clan Hôtobi. Si je me promène ici, c’est que cet endroit a quelques significations pour moi. Mais toi…Tu viens de Kiri, alors pourquoi es-tu ici ?»

Pendant quelques minutes, le jeune homme commença à se nourrir d’inquiétude, peut-être était-elle au pays de la pluie pour annoncer une guerre. L’alliance qui avait eu lieu entre les cinq grandes nations avait brisée celle qui unissait Kiri, le village de la brume sanglante, et Ame, sa propre patrie. Il déglutit difficilement en s’imaginant les diverses raisons pour lesquelles elle pourrait s’aventurer dans des endroits aussi reculés par rapport à son village. Mais remarquant qu’ils n’étaient pas à l’abri des regards, surtout de ces Ninjas espions qui rôdaient souvent le long de la frontière, il proposa sans arrière pensé à Tsukiyo :

« Nous ne sommes pas en sécurité ici, je te propose qu’on aille chez moi, ce n’est pas loin et nous serons à l’abri des regards pour parler. Acceptes-tu ?»

Il se retourna vivement, l’ombre du grand chêne lui avait fait peur pendant un bref instant, enfin, fini les frayeurs maintenant ! Mais maintenant qu’il s’en rendait compte, n’était-ce pas l’endroit où Mizoe était assise pour lire son livre de psychologie ? Son regard se tourna un peu plus vers la gauche, à cet emplacement jonchaient quelques morceaux de bois brûlés, c’était le bois qu’il avait utilisé pour faire un feu devant la jeune fille qui grelottait de froid. Un minuscule sourire triste apparu sur son visage livide, dépourvu de couleurs, il ne savait pas ce qu’était devenu la Kunoichi depuis leur rencontre précédente, il espérait juste qu’elle n’aille pas trop mal. A la lueur de la lune, Shintô baptisa cet arbre « Le chêne des rencontres ». Un arbre quelconque au milieu d’une plaine pour les autres certes, mais pour lui, il avait une grande valeur…

Qu'est-ce que notre vie, sinon du temps ?
André Maurois

Du temps et rien que cela qui défile inlassablement jusqu'au dernier moment... Cette pensée était insupportable, cela signifiait une vie sans but et d'un tel ennui que Tsukiyo aurait préféré y mettre fin. Quand elle visualisait sa vie à présent, ça n'était que cela du temps et rien de plus. Alors soit elle changeait, soit tout se terminerait. Au lieu de survivre, elle comptait vivre même si ce ne serait pas tâche aisée.
Si elle se souvenait bien de son enfance, elle n'avait que rarement pris des décisions. Elle obéissait sagement et bêtement à ses adultes qui dirigeait sa vie, écoutant patiemment les cours des professeurs, suivant ensuite les instructions de son sempai. Elle avait toujours suivi mais elle ne disait rien et pourtant intérieurement, elle n'appréciait pas l'autorité des autres. Elle aurait voulu réagir avant, plutôt que de gaspiller tant d'années de sa vie avant de prendre le tournant mais mieux valait tard que jamais. Pour une fois, elle avait pris sa propre résolution et ne comptait pas l'abandonner de si tôt. Voilà pourquoi elle gardait ses distances et sa méfiance avec les autres. Enfin ce n'était pas seulement pour cette raison évidemment. Il était aussi question de l'incident qu'elle avait subi. Elle était jeune à ce moment là, durant les années suivantes, elle n'avait jamais pardonné à ces agresseurs. Dommage qu'elle n'ai pas regarder leurs visages car elle leur aurait volontiers fait payer leur erreur d'antan. Pour eux, les conséquences devaient être différentes : ils avaient fait de mauvaises choses mais ils n'avaient pas perdu un oeil et cela ne les handicaperaient pas autant qu'elle l'était. Après cela, elle avait toujours eu peur des autres, elle n'avait plus réellement sourit et son coeur s'était assombri. La seule chose qu'elle avait ressenti durant toutes ces années n'avait été que de la haine et aujourd'hui, elle aurait pu ressentir un élan de liberté si elle n'avait pas si tôt fait la rencontre d'un habitant de Ame tandis qu'elle croyait être enfin éloigné de tout. Elle était un peu énervée et la fatigue la rendait encore moins amicale qu'en temps normale, si bien que le jeune homme n'avait pas du beaucoup apprécié le ton qu'elle utilisait et le fait qu'elle lui pose des questions pour ainsi dire pas très polies. La kunoichi n'y faisait pas attention et ne se souciait pas de sa façon d'être envers qui que ce soit et après tout, cet inconnu n'était guère plus aimable qu'elle, alors elle ne voyait pas pourquoi elle aurait du faire des efforts. Elle jeta un coup d'oeil discret à la Lune, la trouvant plus belle que jamais. Ce n'était pas pour rien qu'elle portait le prénom de Tsukiyo signifiant "nuit éclairée par la Lune". Elle avait les cheveux comme le voile de la nuit et la peau aussi pâle que l'astre de nuit, dont elle se sentait proche car elle était là perdue dans le noir, un peu comme elle dans ce monde trop vaste et trop compliqué. Elle reporta de nouveau son attention sur le ninja qui répondait à sa question. Shintô, elle n'avait jamais entendu tel prénom, c'était peu commun lui semblait-il. Il appartenait à un clan disparu ? Il était le dernier alors parmi les Hôtobi et donc seul ?
L'endroit avait une signification pour lui, c'était bien beau mais elle ses explications, elle n'en avait cure même si après tout, elle avait posé la question. A l'origine, elle n'attendait pas de réponse, elle aurait voulu qu'il s'en aille sans répondre et sans rien demander de plus. Sans que la curiosité le pousse à la connaître et savoir pourquoi elle se trouvait ici. Il venait de lui poser la question à laquelle elle avait le moins envie de répondre pour le moment. Cependant cette réflexion qu'il semblait se faire sur la venue d'une kunoichi de Kiri en ces lieux paraissait l'inquiéter au plus haut point. Elle ne comprenait pas du tout pourquoi il se faisait du mouron. Le voyant jeter des regards à droite et à gauche, elle commença à se demander s'il n'était pas paranoïaque le pauvre garçon. Elle ne tourna pas la tête mais tendit l'oreille : elle n'entendait rien en tout cas. Soit il voulait juste l'inquiéter, soit il était complètement barge. Néanmoins, elle ne lui fit pas la remarque et préféra le laisser et attendre, jusqu'à ce qu'il lui propose d'aller ailleurs. Tsukiyo lui lança un regard plein d'amertumes et poussa un soupir de mécontentement. Allons bon, ce lieu était désert voyons. Qu'est-ce qu'il racontait ? Qui pouvait bien écouter ? Bon avouons que deux genins de villages différents en train de discuter en pleine nuit dans un champ hors de leurs villages respectifs, c'était assez suspect. Mais il n'y avait personne pour s'en soucier. Aussi pourquoi se rendre chez lui ? A vrai dire ça ne l'enchantait pas du tout et en plus, elle ne comptait pas vraiment lui dire ce qu'elle faisait ici. Qu'avait-il besoin de savoir qu'elle venait de déserter ? Cela ne le regardait en rien. Et puis quelle serait alors sa réaction ? La dénoncerait-il ? Tenterait-il de la tuer ? Elle lui aurait bien menti si elle avait su quoi dire de plausible pour le convaincre. A ce jeu là, elle n'était pas douée du tout. L'improvisation d'excuse s'était pas trop son fort en fait. Elle l'observa un instant avant de dire :

- Cet endroit est désert alors je ne vois pas la nécessité d'aller chez toi. Qui plus est, je serais une intruse en ces lieux. Et puis pour tout te dire, la raison de ma présence ici, n'est pas forcément quelque chose que tu te dois de savoir.

A ce moment, il venait de regarder en direction d'un grand chêne sans doute âgé et fier compagnon de souvenirs. Il baissait sa garde et elle aurait pu se débarrasser de lui, d'ailleurs elle s'approcha dans ce but mais croyant entendre un bruit, elle regarda ailleurs : rien. Elle posa son regard sur le jeune Shintô qui avait bougé et dont elle voyait désormais le visage et sut qu'elle ne pourrait pas le tuer. Il avait ce même air mélancolique qu'elle avait souvent, cette même tristesse dans les yeux, quand elle était perdue dans ses pensées. Il lui ressemblait tellement par brefs moments que surprise, elle recula et balbutia quelque chose d'incompréhensible. Certainement pas une excuse, ça c'était sûr ! Elle respira profondément, soupira, passa une main sous la mèche de cheveux qui cachait son second oeil et caressa la cicatrice d'un air triste. Désormais, elle entendait des pleurs... ceux de ses souvenirs et la Lune faisait bouger les ombres des arbres de telle sorte qu'elle ne se sentait pas en sécurité. Finalement, avec une grimace, elle réussi à dire à l'autre jeune sur un ton moins abrupt que les précédentes fois où elle lui avait adressé la parole :

- Si cet endroit te rends nostalgique, pourquoi t'y attaches tu ? ... Je crois que tu as raison... finalement autant s'éloigner d'ici.

Car pour la jeune femme, le mot nostalgie était péjoratif et faisait souffrir. Une mélancolie qui puisse avoir du bon, elle n'en connaissait pas puisqu'elle ne l'avait pas vécu. Tout ce qu'elle regrettait était du à un malheur. Elle avait toujours ressenti des douleurs mais pas vraiment de joie qu'elle puisse par la suite regretter ou à laquelle repenser comme un moment chaleureux. Non, elle ne voyait que des images négatives et des peines sans cesse. Alors elle ne comprenait pas pourquoi il revenait ici alors que son visage semblait emprunt d'une telle émotion. Ce n'était pas normal, on aurait dit qu'il se faisait souffrir volontairement. Était-il masochiste ? Elle enleva la main de sur sa cicatrice et observa de vieilles cicatrices sur ses mains. Elle, elle s'était bien efforcé de cogner contre un arbre jusqu'à ce que ses jointures saignent, parce qu'elle était affreusement en colère et parce qu'elle voulait se prouver qu'elle était bien vivante. Elle avait tout de même regretté après en voyant les dégâts. C'était ridicule et inutile.

Ce qui lui manquait ? C’était probablement une raison de vivre, c’était ça qu’il fallait pour combler le vide qui ne cessait de s’accroître de jour un jour. Qu’est-ce qu’il le retenait ? Le combat ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi n’était-il pas mort comme le reste de sa famille, ne serait-il pas bien plus heureux là-haut en leur compagnie plutôt que de vivre chaque jour dans la nostalgie des temps heureux et de s’arrêter à chaque fois à cette nuit là ! Son cœur avait-il donc cessé de battre depuis ce temps ? Il se demandait parfois s’il faisait encore parti des êtres vivants, de ces gamins insouciants, de la société qui l’entourait tout simplement. Une autre question lui traversa l’esprit, s’il était à moitié mort maintenant, arrivera t-il un jour à remonter la pente et devenir un homme normal ? Autour de lui, même au village le plus sombre et ténébreux lui semblait bien plus heureux que lui, quand il jetait un coup d’œil à côté de lui lorsqu’il passait dans l’allée principale, il voyait des parents tenir la main de leurs enfants, il les voyait sourire malgré la guerre et la pauvreté. Il voyait des familles unies, solidaires, c’est ça qui faisait leur bonheur alors que lui, à côté, il était seul, cloîtré chez lui à se remémorer. Qu’éprouvait-il pour ces gens ? De la rancune ? De la haine ? De la jalousie ? A vrai dire, il ne savait pas, il se contentait juste d’être en vie et d’accomplir la volonté du Dieu, c’était ce qu’était devenu un petit garçon jovial et enjoué, il était devenu un être humain raté, mélancolique et triste. Dans ce monde hostile où vivait Shintô, les rêves et les aspirations n’avaient pas leur place, ce qu’il fallait, c’était obéir sans réfléchir, foncer si on te l’ordonnait et mourir pour Ame s’il le fallait. Des règles de vie bien difficiles auxquelles il eut du mal à se faire aux premiers jours. D’habitude si indiscipliné au village caché des feuilles, faisant primer le travail en solitaire sur le travail d’équipe, il n’avait jamais eu besoin de personne pour le sauver, il n’avait jamais dépendu de quelqu’un. Mais qui était-il donc en réalité ce gamin ? La vérité, c’est ça que vous voulez ? Vous voulez vraiment connaître la véritable nature de cet enfant ? C’est un démon, un démon qui porte chaque jour le poids de la souffrance, de la haine et du rejet, c’est un être humain corrompu par le manque d’affection, un adolescent dont le cœur est brisé et dont les morceaux ne pourront jamais être recollés. Un gamin qui connaît la douleur de la solitude ne sera jamais normal, un gamin qui voit un assassinat ne sera jamais pur, un gamin qui supporte chaque jour la haine ne pourra être qu’un monstre enchaîné qui n’attend qu’à être libéré. Le regard vide et mélancolique, l’Hôtobi tourna ses yeux vers Tsukiyo pour essayer de capter ce qu’elle disait, elle lui expliqua qu’elle ne trouvait pas cet endroit particulièrement dangereux, elle lui déclara ensuite qu’elle pourrait très bien être une intruse. Le jeune homme hocha la tête, cela pouvait être vrai mais d’après les yeux de son interlocuteur, il avait tout de suite deviné à quel genre de personne il avait à faire, ces yeux n’exprimant ni joie ni bonheur, un regard exprimant juste la haine. Elle jeta ensuite des coups d’oeils discrets autour d’elle et d’un ton un peu moins abrupt, elle lui demanda pourquoi il venait ici si cet endroit le rendait nostalgique. Elle enchaîna ensuite directement sur un autre sujet, elle était finalement d’accord pour partir avec lui car elle avait plus ou moins pris conscience des dangers qui les entourait. Tout en soupirant, il lui expliqua d’un ton lassé :

Ici, c’est le seul endroit où j’ai l’impression de vivre ne serait-ce qu’une seule seconde, je me remémore une certaine journée de janvier où il neigeait et c’est là que je l’ai rencontré…C’est aussi là que je l’ai quitté et je reviens dans l’espoir de la revoir…

Il fit ensuite un bref signe de main à la jeune femme, signe qui lui demandait gentiment de le suivre. En cette soirée de printemps, il avait particulièrement besoin d’un peu de compagnie, il n’avait jamais encore ressenti ce besoin auparavant, peut-être que son isolement depuis sa sortie de l’Hôpital le rendait un peu plus humain après avoir vu tant de malades et d’handicapés revenir de la guerre à Suna, ce conflit durera-t-il éternellement ? Les humains ne vivaient-ils que dans ce but ? Devenir plus fort et prouver au monde des Shinobis leur puissance, s’en était renversant à quel point ils étaient stupides. L’adolescent fermait les yeux tout en marchant dans l’herbe humide qui effleurait ses pieds, il repensait à la neige du mois de Janvier, le temps avait bien changé le paysage dis donc ! Même au beau milieu d’une nuit sombre, on pouvait observer les vastes plaines verdoyantes ! Que c’était beau ! Si seulement il pouvait rester là pour l’éternité ! Si seulement il pouvait attendre jusqu’à sa mort dans cet endroit, c’était son seul désir. Il regarda ensuite un peu vers l’arrière où se trouvait la jeune femme, il se demanda alors s’il avait bien fait, pas qu’il ne lui fasse pas confiance mais c’était tout de même risqué d’emmener quelqu’un au village caché de la pluie, les gens y étaient hostiles, froids, distants et tout. Il pensa ensuite au reste, où habitera t-elle le temps que l’Amekage lui procure un toit ? Cela pouvait prendre des mois surtout pour une étrangère ! A la lueur de la lune, il pu apercevoir quelque chose qui lui avait échappé, l’air surpris, il fixa Tsukiyo, il n’avait pas encore remarqué cette chose qu’elle avait sur l’œil ! Curieux, il s’empressa de lui poser la question alors qu’ils s’apprêtaient à entrer dans la forêt qui entourait le village d’Ame :

Dis…Tu as quelque chose à l’œil ?

L’air interrogateur, il ne pu s’empêcher de repenser à l’œil de son interlocuteur alors qu’il marchait à une vitesse plutôt lente pour un Ninja. Lorsqu’il ferma les yeux, il fit le lien direct entre la jeune fille de Konoha et celle de Kiri, les cheveux noirs, à peu près le même physique même si Tsukiyo lui semblait plus âgée. Le caractère en revanche, Mizoe et la Kunoichi du pays de l’eau étaient comme de l’eau et de l’huile, l’une froide et l’autre essayant de profiter de la vie au maximum. Quoiqu’il en soit, ils se dirigeaient vers le village natal du jeune homme, la jeune femme allait-elle y faire son entrée ?

La lune est le soleil des statues.
Jean Cocteau

Elle regrettait déjà amèrement de ne pas l'avoir égorgé au moment propice. Etait-elle donc si faible que cela pour avoir eu envie de l'épargner ? Pourtant, elle n'avait pas hésité une seconde tout à l'heure avec les pêcheurs alors pourquoi avec ce jeune homme, n'avait-elle pas eu autant d'assurance. Parce qu'il était encore jeune peut-être mais pourtant elle n'appréciait pas plus les jeunes que les adultes et encore moins de la gente masculine. Parce qu'il lui ressemblait un peu et notamment par cet air triste qu'il portait sur son visage, cet air abbattu. Ressentait-elle de la compassion alors qu'elle ne savait même pas qu'elle était la signification de ce mot ? C'était impensable de sa part, elle avait toujours dédaigné les autres mais surtout parce qu'il semblait heureux et qu'elle souffrait. Cela la rendait malade de voir ces sourires innocents sur leur visage alors que dans l'ombre, tout le monde se poignardait dans le dos. De jour, il n'y avait que des hypocrites qui parcourait les rues. C'est pourquoi elle haissaït ces personnes qui ne se souciait pas des autres. Elle faisait de même qu'eux, elle leur tournait complètement le dos, sans se demander quoique ce soit sur leur existence. Qu'il soit heureux ou non lui importait guère, elle ne s'était jamais battu pour Kiri, ni pour quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Elle n'avait aucun idéal et ne devait rien à personne, surtout pas à ce village. Rien que penser à ce lieu de malheur, lui faisait ressentir un intense mépris, une rage profonde et grandissante comme une flamme dévorante et elle préféra l'évincer ne serait-ce qu'un temps pour écouter la réponse du jeune ninja d'Ame. Il aurait été stupide et sans intérêt de poser une question et de ne pas s'intéresser à la réponse. Qui plus est, elle voulait savoir cela. Elle voulait comprendre ce qui lui paraissait saugrenu, ou du moins illogique puisqu'elle ne pensait pas en ce sens.
Elle ne savait pas qu'elle était la personne qu'il mentionnait mais à sa façon d'en parler, elle était importante. Cela semblait logique si à ces côtés, il semblait revivre. On souhaitait tous se reposer sur quelque chose mais c'était ridicule si on ne pouvait y parvenir non ? Mais pourquoi se sentait-il "mort", le reste du temps ? Vivait-il donc sans réel envie d'être lui aussi ? Encore un détail qui lui rappelait ce qu'elle avait l'impression d'avoir vécu à Kiri car elle y était comme un automate sans volonté autre que celle de survivre, ... et encore, elle n'en aurait pas eu longtemps l'envie si elle n'avait pas déserté en ce jour. Que serait-elle devenue elle préférait ne pas le savoir, c'était sans nul doute un détail délétère à ne pas prendre en compte. Elle ne voulait pas se démoraliser alors qu'elle en était enfin sortie et qu'en aucun cas elle y serait de retour. Si cet endroit remémorait de bonne chose à Shintô, elle, il n'y avait absolumment aucun endroit où elle se sente bien, réellement bien. Toutefois, elle se sentait tout de même mieux en liberté, il fallait bien l'avouer... Il n'y avait personne non plus qu'elle espérait revoir car elle ne cotoyait nullement les autres et personne ne cherchait à le faire. Même ses propres parents étaient des fantômes dans sa propre vie alors de ses connaissances, il n'y avait vraiment personne. Qu'importe aujourd'hui, elle n'avait pas à faire ce qu'on lui donnerait comme mission, elle n'avait pas à obéir à un supérieur, ni rendre service à une personne qu'elle ne connaissait pas et ne souhaitait pas aider. Elle avançait d'elle même désormais.

- C'est insensé de se raccrocher à un espoir qui ne se réalisera peut-être jamais. Les souvenirs et les regrets sont toujours douloureux...

Mais après tout, si cela lui permettait de vivre, de quel droit pouvait-elle le juger ? Elle se souciait peu de l'impact de ses paroles ou du moins, disons qu'elle n'avait pas la notion de tact qui sciait à la plupart des personnes normales. Au moins, elle disait ce qu'elle pensait et on ne pouvait lui reprocher de n'être pas franche. Quoiqu'il en soit, elle avait dit cela sans s'en rendre vraiment compte puis avait suivi le ninja sans un bruit regardant l'astre lumineux qui veillait sur eux pendant qu'il marchait dans la nuit noire. Un peu d'air frais vint caresser son visage délicatement, jouant légèrement avec ses cheveux. C'était agréable de sentir un peu de vent contre sa peau et elle s'étonna de humer l'air un instant. Shintô la regardait et elle n'apprécia pas ce qu'elle vit car elle savait d'avance la question qu'il allait lui poser et elle eut raison. Cet oeil, caché par sa mèche de cheveux brun, elle ne le montrait jamais. Inévitablement, on lui posait la question et elle la redoutait plus que tout car il était la majeure partie de son malheur aussi aurait-elle préféré se taire à ce sujet. Elle s'était arrêtée, avait ouvert la bouche pour parler mais finalement sans rien dire, l'avait refermé. A quoi bon parler de cela avec un inconnu, il n'était pas mêlé à cette histoire et cela ne le regardait pas. Pourquoi tout le monde était aussi curieux ? Certes, elle l'était aussi au final mais cette question qui revenait souvent la mettait toujours mal à l'aise. Elle reprit sa marche vers la forêt.

- En quelque sorte... oui. Mais qu'importe n'est-ce pas ? Puisque cela fait partie du passé.

Du moins, cela restait un événement de son présent et de son futur puisqu'elle le garderait à vie. Si Shintô répondait vaguement à ses questions, elle en faisait de même. Ils se dirigeaient vers la demeure de celui-ci et Tsukiyo se demandait de plus en plus si ce qu'elle faisait était raisonnable. Elle serait une intrus en territoire ennemi tout de même, juste après avoir déserté son village. Elle commettait nombreux faux pas sans doute mais ça n'avait plus d'importance. Elle se souciait juste de savoir ce qu'elle ferait après ça car elle n'en avait pas la moindre idée pour le moment. Alors elle suivait le chemin pas après pas, sans réelle destination mais avec la ferme intention de trouver enfin sa voie. Peut-être qu'elle devait juste suivre ce jeune homme pour le moment et qui sait ce qui se passerait ensuite. Marcher l'épuisait tant elle avait couru et s'était battue depuis son départ et comme elle n'avait pas dormi depuis longtemps, elle avait l'impression que ses muscles s'atrophiait. Commençant à avoir faim, elle sortit une pomme de son sac et convenant que ce n'était pas du tout aimable de ne pas en proposer, demanda à Shintô s'il souhaitait une pomme. Il n'y avait pas d'heure pour manger, surtout quand le temps était long. Et il l'était quand on ne dormait pas. Elle croqua dans le fruit et soupira, rassurée d'avoir pensé à emmener cela avec elle. Etant tête en l'air, ça n'aurait pas été étonnant qu'elle n'y pense pas mais elle était passée devant la cuisine avant.

- Mais... tu penses qu'on va pouvoir rentrer comme ça dans ton village ?? J'ai comme un doute là dessus...

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